Thermomètres et densimètres, Alla France souffle plus le chaud que le froid
Pétrole, lait, vin…
Depuis le XVIIIe, Alla en a fait, du chemin. Dans les couloirs de l’usine, où travaille une quarantaine de salariés, ne cherchez pas le thermomètre que vous vous glissiez dans la bouche, ou sous les aisselles, étant gamin. Le médical est loin d’être au premier plan. Au contraire des laboratoires pétrochimiques, du secteur alimentaire (le lait, par exemple), de l’automobile, de l’aquariophilie ou encore de l’œnologie, qui représentent le principal de l’activité. Ne pas imaginer, non plus, que le thermomètre est roi. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’au cœur des années 1990, c’est bien le densimètre qui a porté Alla. Un marché de niche, moins connu du grand public.
Verre et mercure, le divorce
Reste un fil rouge, malgré les années : le verre. Dans beaucoup de secteurs, et notamment l’industrie pétrolière, les instruments en verre restent les plus précis, explique Sabina Alla-Rubini, à la tête de l’entreprise. Difficile, aussi, de faire sans le mercure. Il faut pourtant s’y faire. Depuis le 1er janvier 2020, ce métal liquide si critiqué (pollution, empoisonnement…), est rayé du paysage des thermomètres. À l’exception de ceux incorporés dans des équipements de grande taille ou utilisés pour des mesures à haute précision, lorsqu’aucune solution de remplacement convenable sans mercure n’est disponible, précise la Convention de Minamata sur le mercure, portée par l’ONU.
Nous avons éliminé le mercure partout ou ça pouvait l’être, parfois en le remplaçant avec un liquide à base d’alcool, commente Sabina Alla-Rubini. Une démarche enclenchée depuis plusieurs années, comme celle qui a mis fin au plomb dans les densimètres, remplacé notamment par de l’acier.
Cuisson du poulet et du pain
Voilà pour l’activité historique d’Alla. Mais la société chemilloise vit aussi du négoce, qui représente même la moitié de son activité. On y trouve des thermomètres digitaux ou laser, venus d’Asie. Les mêmes que particuliers ou professionnels, peuvent trouver chez Metro, Labovida ou Culinarion. Aussi bien pour vérifier la température de la viande que celle du pain.
Sur ce marché, Alla France est en train de faire un pas de côté. Une idée portée par Jean-Marc Alla, époux de l’actuelle dirigeante et patron décédé en janvier 2019. Nous nous sommes rendu compte que personne ne fabriquait de tels produits en France, raconte Sabina Alla-Rubini. Le coût des produits chinois n’est plus le même. Pourquoi ne pas le faire à Chemillé ? Nous ne sommes ni plasticiens, ni fabricants de cartes électroniques… Mais Jean-Marc avait le chic pour trouver les bonnes personnes.
Épaulé par la région, le projet a vu le concours d’autres entreprises tricolores, comme Meca Stil, et Proxinnov. Deux robots vont être installés. De quoi espérer une commercialisation des quatre types de thermomètres avant la fin d’année. Une petite révolution, pour une entreprise, on l’a dit, plus habituée à manier le verre que le plastique et les cartes électroniques. Un virage à 180°, sourit Sabina Alla-Rubini. On l’aurait parié : encore une histoire de degrés.
Les chiffres
290 000 densimètres. C’est la production d’Alla France en 2019.
Viennent s’ajouter 100 000 thermomètres fabriqués à Chemillé.
L’entreprise a aussi importé 570 000 thermomètres.
Le chiffre d’affaires atteint les 4,5 millions d’euros.
À savoir
Un pied au Brésil
Depuis 1998, Alla France a son pendant à plus de 9 000 km de Chemillé, à Sao Paulo. Alla Brasil – dont l’entreprise française détient 49 % des parts – y emploie 19 salariés. Dans un premier temps, il s’agissait d’un pied à terre pour l’import de densimètres et thermomètres, avec dans le viseur le secteur pétrolier. Une unité de fabrication a depuis été créée.